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L'agrivoltaïsme,

une fausse solution

Fin janvier, une rumeur a circulé à Dijon dénonçant l'installation prochaine de panneaux photovoltaïques sur le parc de la Colombière (et peut-être même sur le Clos de Vougeot !). Malgré un démenti de la ville de Dijon, un mystérieux collectif SCHD (Sauvons nos Colombes d'Hier et de Demain) maintenait sa manifestation le dimanche 28 au matin devant le Parc et jusqu'à la Place Wilson. La presse locale, conviée, n'a pas eu la curiosité de venir, se contentant de la communication municipale dénonçant une « fake news » alors que l'énormité de l'annonce et le calembour dans le nom du collectif aurait pu les intriguer. Dommage ! Ils auraient alors appris qu'il s'agissait d'un canular, c'est à dire d'une farce, monté par la Confédération Paysanne, Attac 21, le comité local des Soulèvements de la Terre et d'autres associations pour informer les Dijonnais sur les ravages, présents et à venir, de l'agrivoltaïsme que le gouvernement veut développer à grande échelle.

 

Alors que les derniers arbitrages sur les décrets d'application de la loi d'accélération des énergies renouvelables (ENR) votée ce printemps sont en passe d'être promulgués, c'est la course à l’échalote dans nos campagnes depuis quelques mois pour l’installation de parcs photovoltaïques sur des terres agricoles ou naturelles. Grâce aux promesses financières faramineuses de ce nouveau marché à venir, beaucoup de communes et d'agriculteurs sont prospectés et incités par des promoteurs qui veulent maximiser en nombre et en surface des projets de panneaux.

 

Dans notre région, la course est lancée. Par exemple, dans la Nièvre, 30 projets sont en cours : 2 réalisés, 10 validés (en attente des recours) et 20 en cours d'instruction. Dans le Jura, entre Loulle et Mont-sur-Monnet, ce sont 87 ha de forêt menacés par un parc divisé en 16 îlots de 3 à 13 ha. Dans la région dijonnaise, à Curtil-Saint-Seine, un projet de parc photovoltaïque de 60 ha (avec clôture et caméras de surveillance) porté par Total-Quadran et trois agriculteurs ne vivant pas à Curtil cernerait aux 3/4 le village. L'ensemble du village est totalement opposé à ce projet. 

 

Il ne s'agit pas de refuser les énergies renouvelables photovoltaïques ou autres, mais leur développement ne doit pas se faire au détriment de la transition agroécologique, de la souveraineté alimentaire et de la biodiversité. Or ces projets s'installent sur des surfaces agricoles qui seraient plus utiles cultivées en agroécologie, ou sur des surfaces naturelles ; ces projets altèrent la biodiversité en recouvrant et fractionnant les territoires  (clôtures, défrichage...). D'ailleurs  les chercheurs du GIEC et de l'IPBES alertent contre les projets d’atténuation du changement climatique qui ne prennent pas en compte, outre les aspects climatiques, la biodiversité, les aspects sociaux et la  souveraineté alimentaire.

Les études de l'Ademe, RTE ou Négawatt montrent que le gisement de toitures et de zones artificialisées ou dégradées est largement suffisant pour atteindre le scénario le plus demandeur en photovoltaïque (208 GW).

L'accaparement des terres agricoles n'est pas sans poser des problèmes dans les villages, avec des conflits d'usage (agriculture contre électricité), une spéculation sur les terres, les énergéticiens louant beaucoup plus cher les terres, avec peut-être même le risque de  création d'une bulle financière.

L'intérêt pour les énergéticiens de construire de gigantesques parcs est de diminuer les coûts et de rentabiliser plus vite leurs investissements, d'autant qu'ils sont largement subventionnés par les pouvoirs publics. Les subventions aux renouvelables sont passées de 20 milliards d’euros en 2008 à 78 milliards en 2019, dont près de 70 % pour l’électricité. En France, la Cour des comptes les chiffrait à 5,3 milliards d’euros pour l’année 2016, dont 90 % pour la production d’électricité. Ces chiffres sont à mettre en parallèle avec les subventions européennes pour l'efficacité énergétique, qui ne représentaient que 9 % de l'ensemble des subventions à l'énergie. En France, les pouvoirs publics ont instauré un nouveau mécanisme de prix garantis, le complément de rémunération ou contrat pour différence (CfD) qui fait que si les prix du marché sont trop bas, l'État compense le manque à gagner !

Si par contre les prix du marché dépassent un plafond, les exploitants doivent reverser tout ou partie du surplus. Tout cela fait, par exemple, que TotalEnergie promet à ses actionnaires 12 % de rentabilité sur les énergies renouvelables tout en faisant un greenwashing éhonté : 75 % de sa communication porte sur les renouvelables, qui ne font que 20 % de ses capacités énergétiques !

En conclusion, pour l'agrivoltaïsme, le plan gouvernemental consiste à ouvrir aux énergéticiens le marché de vastes terres agricoles rentables, en profitant des difficultés du monde agricole et sans remettre en cause structurellement ce modèle intensif. La Confédération Paysanne dénonce les dérives d'industrialisation de l'agriculture que l'agrivoltaisme représenterait : atteinte à la vocation nourricière de la terre du fait de l’artificialisation et de la concurrence entre production énergétique et alimentaire, précarisation des baux ruraux, perte d’autonomie paysanne, manne financière générant des conflits d’intérêt, perte de la qualité de vie au travail, dégradation des paysages, atteintes à la biodiversité (destruction d'habitats et d'espèces protégées), projets financiers... Refusons ce plan et sa mise en œuvre !            

    

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