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Jeux Olympiques :

le revers de la médaille

La magie olympique ; la créativité, l'ouverture d'esprit, l'audace des cérémonies ; les exploits accomplis, les records qui tombent, les belles victoires obtenues par des athlètes jusque là inconnu·e·s, l’admiration des champion·ne·s, l'équité de l'arbitrage ; la construction d'enceintes sportives réutilisables, la propreté de la Seine, la mise en valeur du patrimoine ; la participation populaire de foules immenses et joyeuses à certaines fêtes et épreuves gratuites et inclusives, le rayonnement de la France et les échos favorables venus de l'étranger ; la valorisation par les Jeux paralympiques de sporti·f·ve·s différent·e·s... Loin de nous l'idée de considérer tout cela comme nul et non avenu. Mais derrière le rêve se profile un réel moins magique, qui n'a guère été mis en avant par les médias au cours de l'été. C'est cela dont nous avons voulu parler dans ce numéro de rentrée.

La fête, oui ! mais pour qui ?

 

La fête pour tous ceux qui se sont laissé émerveiller, sans aucun doute. Pour les plus aisés qui ont pu se payer les places et l’hébergement (250 à 1600 € la place à la cérémonie de clôture), certainement. Pour les grands sponsors nationaux et internationaux qui en tirent des profits énormes, les télévisions et le CIO, assurément. Mais pas pour les 5 000 personnes expulsées en province sans solution de relogement. Pas davantage pour les travailleurs sans papiers embauchés par les géants du BTP et surexploités, sans contrat de travail ni fiche de paie. Pas forcément pour une partie des 45 000 bénévoles, embauchés à temps plein sans rémunération ni indemnité de logement dans un véritable détournement du bénévolat. Et sans doute pas plus pour une partie des Parisiens et banlieusards bunkérisés par près de 100 000 policiers, gendarmes, militaires et agents de sécurité, sans que l’on ait demandé leur avis.

 

La trêve olympique, l’amitié entre les peuples ?

 

La veille de l’ouverture, après 10 mois d’invasion et de crimes de guerre, un bombardement  de Tsahal sur une école de Gaza faisait une centaine de morts, tandis que les athlètes israéliens s’apprêtaient à concourir malgré de nombreuses protestations sur le statut officiel de leur pays dans ces jeux. Deux poids, deux mesures : les quelques athlètes russes présents l’étaient sous bannière neutre. Rappelons que l’Afrique du Sud a été interdite de J.O. de 1962 à 1992 pour sanctionner sa politique d’Apartheid.

On peut s’interroger sur l’efficacité des jeux concernant l’amitié entre les peuples après avoir assisté pendant près d’un mois à une exacerbation de chauvinisme de la part de grands médias, y compris France Télévision qui a lourdement privilégié les performances des athlètes français. Exit l’idéal internationaliste des jeux ?​​​

Une adhésion unanime ?

 

Sans minimiser l’élan et la liesse populaire, sachons qu’ils sont pour une part importante le résultat du savoir-faire des professionnels de l’événement : leaders d’ambiance, distribution de drapeaux, de portraits d’athlètes « idolâtrés », etc.

Cet unanimisme s’accompagne d’une adhésion plus fictive que réelle, qui va de l’assentiment complet à l’indifférence totale et à toute une gamme de critiques. Cette adhésion s’est lézardée au fil du temps ; plusieurs villes ont jeté l’éponge à la suite de référendums négatifs. Les deux prochaines villes d’accueil des jeux, Los Angeles (2028) et Brisbane (2032) ont été retenues sans concurrentes, les autres villes intéressées ayant décliné après des consultations défavorables. La cause ? les surcoûts budgétaires, les effets sur l’environnement, la gentrification des quartiers populaires, l’expulsion des populations précaires, etc.

Et trop c’est trop ! la remise de décorations aux médaillés français des jeux le 14 septembre par un Président de la République grand organisateur de la fracture politique dans notre pays en a agacé ou révolté plus d’un, portant un sérieux coup à cet unanimisme médiatique !

 

Des surcoûts financiers systématiques

 

D’ores et déjà, le budget de 6,8 Mds d’euros prévus au départ s’est alourdi à au moins 10 Mds €, en attendant le rapport complet de la cour des comptes en 2025. Le mécanisme des candidatures imposé par le CIO aboutit inexorablement à une sous-estimation des coûts par les villes candidates. Les dépassements ont été systématiques, sauf à Los Angeles (seule candidate en 1984) :

Séoul 1988 + 108 %          Barcelone 1992  + 156 %         Sydney 2000 + 93 %         Athènes 2004 + 109 %         

Pékin 2008 + 1 130 %         Londres 2012 + 127 %             Rio 2016+ 247 % ?             Tokyo 2021 +100 % ?            

C’est bien l’argent public qui est dépensé dans cette entreprise pharaonique, quand les services publics en manquent cruellement, et ce sont les contribuables qui font les frais de ces dépassements. Les Grenoblois ont versé, après les jeux d’hiver de 1968, un surcroît de taxes locales pendant 24 ans, les Québécois pendant 30 ans après les jeux de Montréal de 1976...

Aucuns pays et ville accueillant les jeux n’ont pris l’engagement de ne pas dépasser les coûts prévus.

Certains hauts fonctionnaires français voulaient imposer au tout puissant CIO, responsable devant personne, des conditions concernant les coûts financiers et l’impact environnemental. Nos responsables politiques ne les ont pas suivis.

 

Et la démocratie dans tout ça ?

 

Menaces aggravées sur les libertés du fait d’une surveillance massive assistée par l’intelligence artificielle, injustifiée et disproportionnée. Interdiction de toute manifestation militante sous peine d’une amende de 7 500 € !

Une fête à plus de 10 milliards d’euros, émettant au moins 1,5 millions de tonnes de CO2, quadrillée par près de 100 000 agents de sécurité, excluant les plus pauvres et les plus précaires, décidée par un C.I.O. complètement opaque et déconsidéré par de nombreux scandales, le tout sans consultation des populations locales qui sont les victimes de nuisances et de transformations urbaines imposées : nos compatriotes ont été invités à applaudir sans donner leur avis.

 

On recommence dans 6 ans ?

Sous réserve de garanties financières, la candidature de la France aux Jeux d’hiver de 2030 a été retenue dans  les Alpes sans aucun bilan des Jeux de 2024, sans campagne ni dossier public, sans prise en compte de l’impact environnemental, particulièrement important sur les territoires de montagne et sans prise en compte de l’avis des populations directement concernées.

N’est-il pas temps de s’interroger sérieusement sur la taille, l’esprit, l’organisation et les coûts d’une opération de prestige laissée au bon vouloir de l’élite sportive, économique et politique au détriment d’un sport populaire éloigné de la gloire et du fric ?

 

Pour aller plus loin :

https://laviedesidees.fr/Les-Jeux-Olympiques-et-la-fabrique-du-consensus

https://www.mediapart.fr/journal/france/250724/aux-jo-2024-un-usage-sans-precedent-des-drones-et-des-algorithmes-de-surveillance

https://www.mediapart.fr/journal/politique/240724/jo-d-hiver-2030-dans-les-alpes-est-ce-vraiment-necessaire

https://www.alternatives-economiques.fr/jeux-olympiques-de-paris-2024-valent-cout/00110196

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