top of page
lalettre.jpg
titre sept 24.jpg

Si loin, si proche...

Revenons un peu en arrière.

Cet été 2024, Zoé avait le cafard, état déjà illustré par Baudelaire en 1857 dans Les fleurs du mal.

Trop, c’était trop ! Assez de drames ! Les horreurs insensées de l’actualité, de l’histoire lui coupaient le souffle et faisaient vaciller sa foi en l’humanité, malgré le soutien de ses camarades de lutte Snoopy, Garfield et Jolly Jumper qui, eux aussi, voulaient que cesse la barbarie ici et ailleurs…

Même Jupiter ne daigna accorder la moindre importance à cette proposition de simple bon sens présentée par Zoé : constituer un gouvernement de salut public grâce à la coexistence, la cohabitation, la collaboration des animaux et des hommes au service de tous. Il eut suffi de prendre exemple sur le Philetairus Socius, ce petit passereau du désert africain, surnommé le Républicain social en référence à sa capacité d’édifier d’énormes nids pouvant accueillir sur des générations plus de cinq cents individus, congénères ou non. Mais à l’Élysée les chiens ne font pas des chats !

De guerre lasse, Zoé rendit visite à son ami Melchior, le sage Hibou du parc des Cèdres, qui lui conseilla de prendre de la hauteur, de la distance, de se ressourcer en partant par monts et par vaux selon son inspiration avec comme seul viatique l’ouvrage de Katty Willis Naturel-Pourquoi voir, sentir, toucher et écouter les plantes nous fait du bien (Seuil, cité par Reporterre). Derechef Zoé choisit sa direction grâce à un fer à cheval et promit à Melchior, en le remerciant, des nouvelles régulières de son périple. Nous vous communiquons ci-dessous l’essentiel de ses messages…

Vendredi 2, samedi 3, dimanche 4 août — Cher Melchior, par le plus grand des hasards me voici sur les bords du Lac de la Vingeanne. Pourquoi ce nom ? Je me suis renseigné auprès d’une pie, assez bavarde je dois dire : Jeanne, belle épouse d’un noble seigneur, vint pendant des années à la source de cette rivière attendre son retour de la 3ème croisade car c’était le lieu de leurs plus beaux souvenirs ; ne le voyant pas revenir, elle en mourut de désespoir… Mais à part son lac, Villegusien est à connaître pour le festival de musique du « Chien à Plumes ». Tu comprends mieux ma présence en Haute-Marne ! Donc 3 jours de musique, de chanson, de danse, de fête intergénérationnelle ! Hip hop, groove, jazz, soul, rock, world electro se succèdent sur les trois scènes, Ernest, Pompon, Lupin. Et cette nuit je goûterai aux joies d’un tipi. Nouvelle expérience. (« Il a moins le blues», sourit Melchior).

Samedi 10 août — Ayant gravi les contreforts du plateau de Langres avec quelque peine mais encouragé par l’exemple de certains batraciens qui savent naturellement profiter de l’ombre des haies, me voici à emprunter l’axe principal de cette ville fortifiée. Tiens, là, au centre, une fontaine ! Salut à vous les pigeons ! Reprenant ma pérégrination, je découvre un peu plus haut une boutique intitulée « Les chats perchés » ! J’entre et me voici au cœur d’un univers de jeux de tout type, de toute provenance et pour tout âge, avec une salle sympathique pouvant accueillir les amateurs de jeux de société. J’apprends aussi que tous les ans, il existe en juillet un festival nommé Ludi’ Langres ! Étrange destin pour une ville qui a vu naître Diderot, ce philosophe des Lumières qui… secrètement épousa Antoinette Champion en l’église Saint-Pierre-aux-Bœufs à Paris en 1743… Amitiés.

Jeudi 15 août — Après avoir emprunté en sens inverse La via Francigena, chemin de pèlerinage allant de Canterbury à Rome depuis l’an 990, je découvre Chaumont et je t’écris face à la devanture de la « Pharmacie Normale ». Sic. Près de l’Hôtel de ville se découvrent, à un angle, 2 plaques : « Place des Droits de l’Homme »  et  « Place des Droits de l’Enfant ».  Bon exemple pour Quetigny ?

Mais ce soir nous avons droit, square Philippe Lebon ( et non Philippe le Bon), l’inventeur du gaz d’éclairage et du premier moteur à explosion, à un feu d’artifice géant en l’honneur de la naissance de Napoléon Bonaparte le 15 août 1769 ! C’est à Chaumont que le 1er mars 1814 fut signé un traité entre l’Autriche, la Russie, la Prusse et le Royaume-Uni engageant tous les signataires à ne conclure aucune paix, convention ou traité séparé avec Napoléon … L’histoire se répète-t-elle ?

Samedi 24 août — Enfin Châteauvillain ! Passant à travers champs, longeant l’Aujon, allant d’arbre en arbre au cœur du « Parc National de Forêts » mais contournant le golf d’Arc en Barrois (quelle étrange occupation des sols !), je suis dans cette charmante petite cité de caractère depuis quelques jours. Sur les conseils de mes amis les daims qui occupent en toute liberté un vaste parc, j’ai visité Le Chameau, ancien lieu de fabrication des fameuses bottes en caoutchouc portant cette marque, désormais transformé en lieu de culture et d’exposition photographique qui accueille actuellement, entre autres, les œuvres de l’artiste reporter Reza Deghati, immigré azéri iranien ayant subi la torture dans son pays d'origine pour son militantisme artistique, exilé en France depuis 1981 ; lui qui a travaillé avec Plantu présente des images du désarroi des êtres humains face à la guerre... Il y a 80 ans, un massacre eut lieu à Châteauvillain, 17 otages civils furent exécutés, 4 emmenés en déportation … Une petite fille de six ans appris alors le sens du mot « orphelin »*.

Si loin, si proche …

 

Melchior répondit à Zoé : 

« Les peuplent qui ne réfléchissent pas sur leur passé sont condamnés à le revivre ». George Santayana

« L’histoire se répète toujours deux fois, la première comme une grande tragédie, la seconde comme une farce sordide ». Karl Marx

 

 

 

* Châteauvillain – Massacre du 24 août 1944, Marie-Claude Lavocat. Liralest - Le Pythagore éditions

Retour au sommaire

Vers notre site web

Je souhaite inscrire un·e ami·e à cette lettre

Mes avis sont les bienvenus

Je souhaite ne plus recevoir cette lettre

logoRQ.png
bottom of page