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Arnault et Coluche :

même combat ?

Trente-huit ans après l'appel de Coluche à la radio (« si y a des gens qui sont intéressés pour parrainer une cantine gratuite qu'on pourrait commencer par faire à Paris... »), la belle aventure des Restos du Cœur semble tourner au drame.

Le dimanche 3 septembre, sur TF1, le président de l'association, Patrice Douret, adresse un appel à l’aide aux « forces politiques et aux forces économiques ». Sur un ton grave, il affirme que jamais les Restos n’ont aidé autant de monde (1,3 million de personnes de janvier à août 2023 contre 1,1 million pour toute l'année 2022), et qu'en même temps « les digues sont en train de lâcher » en raison de l’inflation (touchant les denrées, l’électricité, les transports...) et de l’augmentation de la précarité. Son association affiche un déficit 35 millions d’euros, devra limiter le nombre de ses bénéficiaires et ses rations, et pourrait « mettre les clés sous la porte d’ici trois ans » si rien n’est fait.

Très inquiet, mais loin de paraître résigné, il se montre revendicatif, demandant  « des réponses concrètes, précises, immédiates, et le lancement d’un plan d’urgence alimentaire ».

Les Français sont émus... Ils s'accordent à penser qu'il est important que le problème soit ainsi exposé au grand jour.

 

Mais comment ne pas être affligé par la récupération éhontée de ces propos par des « élites » jusque-là bien peu soucieuses de solidarité ?

Aurore Bergé, ministre des Solidarités, s’est empressée de débloquer (le même dimanche) 15 milliards d’euros (dont 10 étaient déjà prévus, a tempéré Patrice Douret). N’aurait-elle pas pu, avec le gouvernement,  prendre auparavant  des mesures concrètes pour assurer un revenu décent aux personnes en situation de précarité, ou — on a envie de rêver — pour les en sortir ? Les « restos » n’existent que pour compenser les inégalités croissantes depuis l'appel de Coluche !

Surtout, une indécente course aux médias a été lancée par le détenteur de la deuxième fortune du monde (selon Forbes : 212,7 milliards d’euros), Bernard Arnault, qui n’avait guère montré jusque-là son sens de la solidarité et qui a envoyé le surlendemain son fils Antoine au siège des Restos signer avec tambours et trompettes un chèque de 10 millions d'euros, accompagné par la ministre. Celle-ci a trouvé tout à fait normal de conclure ses remerciements par ces mots « C'est ensemble, unis, que notre pays est plus fraternel. » Cher·e·s lect·eur·rice·s, séchez vos larmes !

D’autres milliardaires se sont pris au jeu, déboursant à leur tour quelques fifrelins en convoquant la presse.

Allez savoir pourquoi, beaucoup de nos compatriotes n’ont pas apprécié cette séquence. Les gens sont méchants !

Ah oui, nous allions l'oublier... La députée LFI Danièle Obono a aussi donné son avis, que nous allons reprendre en conclusion :

« Si Bernard Arnault payait sa juste part d’impôt et si vous aviez mis en place la taxation des ultra-riches que nous proposons depuis 6 ans, vous n’auriez pas eu besoin d’en appeler à leur charité, ni de les en remercier, car il y aurait moins de bénéficiaires aux Restos du cœur ».  Nous vous laissons réfléchir sur ces propos.

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