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Procès de 7 jeunes de XR

à Dijon : c'est TOTAL

qui devrait comparaître !

Mercredi 16 août, 7 militant·e·s d'Extinction Rebellion (XR) étaient convoqué·e·s au tribunal correctionnel de Dijon.

Motif de cette convocation : une action de désobéissance civile non violente.

Le 10 mai dernier, ils ont projeté de la peinture sur la façade de 3 agences de la BNP et mis de la colle dans les distributeurs, les mettant quelques heures hors service.

8 personnes ont alors été arrêtées, et placées en garde à vue. L'une a été relâchée au bout de quelques heures, les 7 autres ont été perquisitionnées, emmenées chez elles mains attachées dans le dos, sous le regard médusé de leurs voisin·e·s. Elles ont été déférées au tribunal judiciaire le lendemain. Après une deuxième nuit en cellule, un transfert menottes aux mains et 5 heures d’attente au tribunal en cellule à nouveau —, ces militant·e·s non violent·e·s ont appris leur contrôle judiciaire avec pointages au commissariat de Dijon, et l'interdiction de se côtoyer les un·e·s les autres jusqu’au procès fixé le 16 août, en plein cœur des congés d'été. Ils et elles ont passé 42 heures en détention.

 

Pourquoi cette action ?

Les militant·e·s ont ciblé BNP Paribas (11ème financeur mondial d’énergies fossiles) car, avec la Société Générale et le Crédit Agricole, cette banque finance notamment les projets de TotalÉnergies dont EACOP*** (voir Lettre n° 25 p. 45) : forages de 400 puits de pétrole aux abords du Lac Alberta, et construction d'un oléoduc de 1440 km, chauffé à 50°,  qui, s’il est construit, balafrera des écosystèmes et villages d’Ouganda et de Tanzanie. Ce projet inclut l'expropriation de 100 000 personnes de leurs terres. Ce projet est à la fois destructeur de la biodiversité et du vivant, mais aussi des sociétés humaines concernées, avec le lot de migrations qu'il va entrainer.

Cette action s'inscrivait dans une action nationale de dénonciation. La peinture noire projetée  symbolise le pétrole, et reflète l’état de propreté réelle des investissements revendiqués « verts » (greenwashing) de BNP.

Au moment de l’action, l’une des agences de la BNP était surveillée par la police, qui a attendu que les activistes agissent pour les interpeller. Dans les autres cas, ce sont les caméras de surveillance qui ont servi à appréhender les jeunes non violent·e·s.

 

Le procès et la réponse judiciaire

Le 16 août, alors que peu de monde se presse dans les rues de Dijon, il y a foule devant le tribunal dès 11 h 30 pour soutenir les 7 personnes convoquées à 13 h 30. Des prises de parole de différentes organisations et collectifs ont lieu, dont celle très remarquée de Julia Steinberger, co-autrice principale du volet 3 du dernier rapport du GIEC, témoin à l'audience. Elle rappelle avec force ce que le GIEC martèle depuis la sortie du rapport : du fait des activités humaines, nous sommes définitivement sortis de la période (Holocène) où les conditions climatiques idéales pour la vie des humain·e·s sur terre (et de nombreux autres êtres vivants) étaient réunies. Il faut arrêter tout nouveau projet d'extraction d'énergie fossile ! C'est la seule solution pour reprendre la main, et on sait qu'il existe des solutions alternatives à ces énergies fossiles.

​Les membres d'Extinction Rebellion avaient préparé une cantine à prix libre et un événement artistique où des Red Rebels ont défilé en silence après les prises de parole, symbolisant le sang de tous les êtres vivants, celui qui nous unit entre espèces.

​Le procès des 7 a commencé à 17 h 30 et a duré 3 heures.

Après le rappel des faits, les jeunes prévenu·e·s ont pris  la parole pour expliquer leurs motivations. Leur émotion était vive et s'est ressentie à travers leurs récits.

Parmi les témoignages, celui de Lucie Pinson fondatrice de Reclaim Finance et Prix Goldman 2020 (équivalent du prix Nobel de l'environnement) par vidéo, qui a présenté les liens entre la BNP Paribas et le financement des énergies fossiles.

​​​​​​Concernant le jugement, les avocats des prévenus ont obtenu satsfaction pour une partie importante de leurs demandes : refus du préjudice moral pour la BNP,  requalification de l'infraction en contravention pour dégradation légère  (à la place de dégradation lourde).

"Les Sept" ont écopé d'amendes avec sursis de 1 000 à 1 500 euros, mais avec dispense de casier B2. Néanmoins, les activistes ont été jugé·e·s coupables, et 3 d'entre elles devront payer 6 700 euros de dommages et intérêts et frais d'avocats à la banque pour les dégradations légères à la peinture place Darcy.

 

Changer ou disparaître

Ces jeunes militant·e·s ont fait ou font des études, travaillent, et rien ne les prédestinait à se retrouver au tribunal... sauf que devant l'urgence climatique, après avoir essayé les marches climat, les pétitions, les actions en justice, ils/elles ne peuvent que constater l'inaction des politiques et leur complicité avec les grands groupes qui bousillent la planète.

C'est pourquoi des mouvements comme Les Soulèvements de la Terre, XR et d'autres, composés principalement de jeunes qui refusent un avenir mortifère, engagent un bras de fer courageux avec le pouvoir dont la réponse est tout sauf à la hauteur de leurs attentes. Il leur réserve même un traitement policier et judiciaire qui vise à les présenter comme des délinquant·e·s, voire des terroristes, ce qui fut le cas pour les actions anti-bassines : lire ici le témoignage d'une des personnes gardées à vue dans l'affaire Lafarge, et séquestrée dans le 4ème sous sol de la sous-direction antiterroriste à Levallois.

Les militant·e·s de XR indiquent que tant que leurs revendications ne seront pas appliquées, ils continueront à agir de manière non violente, pour un monde viable.

Une cagnotte en ligne reste ouverte (https://www.cotizup.com/xr-dijon-vs-fossiles) pour leur permettre de financer leurs frais de défense.

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