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Pendant un an, à proximité du Port du Canal, à Dijon, les habitant·e·s du tranquille quartier Larrey se sont battus pour préserver un espace arboré de 1 800 m² où le bailleur social Habellis planifiait un projet immobilier.

Entre les rues de Larrey et Clément Marillier, petits immeubles de la fin du XXe s. et maisons individuelles presque centenaires se partagent un espace de densité moyenne, où manquent des espaces de nature pour se rencontrer et discuter.

Deux terrains (au 15 rue de Larrey et au 14 rue Marillier), disposés en équerre, jamais construits, cultivés depuis longtemps comme potagers par un jardinier et comportant des arbres fruitiers, avec deux puits, ont été préemptés il y a quelques années par l’Établissement Public Foncier Local pour satisfaire "une forte demande de logements"... en dépit de la volonté de leur ancienne propriétaire centenaire, Mademoiselle Pic, qui les avait légués aux Apprentis d'Auteuil avec la volonté qu'il reste un jardin. 

Le permis de construire a été affiché en octobre 2021. Des recours gracieux, puis contentieux, déposés contre la mairie de Dijon par les riverains, ont été rejetés, et des pétitions (sur internet et sur papier) ont recueilli au total les signatures de plus de mille personnes. Parmi les premiers signataires, les élus de droite Emmanuel Bichot et Laurent Bourguignat ; des militants écologistes, insoumis, ou appartenant à d'autres organisations de gauche, ainsi que des membres de collectifs comme ceux du quartier des Lentillères et des Berges du Suzon sont venus de plus en plus nombreux à la rescousse de cette petite "zone à défendre". L'association BVQL a tenu à mener son action hors de toute pression ou récupération politique, affichant avant tout son bon droit et son souci du bien-être des habitants.

En janvier 2023, BVQL dépose pour la 3ème fois son projet sur la plateforme Dessinons Dijon... et il est retenu ! Mais le 19 avril 2023, un engin de chantier abat un mur pour permettre à une entreprise de débroussailler le terrain, en présence de vigiles ; les riverains se mobilisent aussitôt, et la police intervient. Au bout de deux heures de négociation dans un calme relatif, le débroussaillage est arrêté, et chacun campe depuis sur ses positions.

À trois reprises, les habitants ont déposé dans des "Ateliers de quartier" (instance de démocratie participative locale Fontaine-d’Ouche - Faubourg Raines – Larrey – Motte-Giron), un "projet de jardin collectif ouvert aux habitants", qui a été plébiscité par les participants le 16 mai 2023. Mais en dépit de son classement en tête des projets soutenus par la population, le Conseil municipal de Dijon du 19 juin ne l’a pas retenu, François Rebsamen assénant à l’opposition : « On n’intervient pas sur un domaine privé, voilà ; l’affaire est résolue, c’est tout ! ».

 

L’association BVQL a alors fait valoir que le terrain n’appartenait pas à Habellis, mais à l’Établissement Public Foncier Local, ce que son président Rémi Détang a confirmé en juillet, ajoutant : « L’EPFL avait exercé son droit de préemption pour la Ville de Dijon en 2019 ; les parcelles seront prochainement transférées à Habellis ».

Patricia Guillaumot, présidente de Bien vivre dans le quartier Larrey, a donc demandé « le respect de la décision de l’atelier de quartier et le choix des habitants », ajoutant : « Parmi les domaines d’action de l’EPFL, il y a l’habitat et le renouvellement urbain, les activités économiques, les équipements structurants, les déplacements, mais aussi l’environnement et les espaces naturels ; notre projet entre donc complètement dans le cadre de l’action foncière de l’EPFL ».

Dans les onze mois qui ont suivi, face à la municipalité qui a maintenu à trois reprises son refus de reconnaître les demandes des riverains et même demandé l'intervention de l'Institut National d'Archéologie Préventive (préalable à toute construction sur le terrain), les citoyen·ne·s ont maintenu la pression, par exemple en faisant appel au préfet, et ont défendu leur projet de jardin partagé, installé des composteurs, ramassé des fruits et cultivé des légumes dans deux parcelles potagères, veillé à ce que les arbres (marqués pour abattage) ne soient pas coupés, avancé l'idée de futurs projets éducatifs intergénérationnels dans cet espace propice à la biodiversité... avec une grande persévérance, sans vraiment s'attendre à un déblocage de la situation !

Surprise : le 13 mars 2024, Nathalie Koenders, première adjointe au maire de Dijon chargée de la Transition écologique, du Climat et de l'Environnement et de la Santé publique, s’est rendue sur place pour rencontrer Patricia Guillaumot, et lui a annoncé que le maire de Dijon avait décidé de « répondre favorablement à la demande des riverains des rues de Larrey et Marillier de créer un jardin collectif ». La perspective des Municipales dans deux ans a-t-elle joué un rôle ?

Bien vivre dans le quartier Larrey présentera donc à nouveau son projet dans les semaines à venir en demandant une application rapide de la décision du maire, avec bon espoir, cette fois, qu’il soit accepté...

Dimanche 14 avril, un pique-nique de printemps a été organisé sur le jardin, où les participant·e·s à l'action ont pu se réunir pour "déguster, discuter, observer, planter"...

Laissons le dernier mot à Patricia Guillaumot, à qui nous avons demandé son avis :

 

Belle histoire, dont on aimerait voir le scénario s'appliquer plus souvent !  Les habitant·e·s du quartier de Larrey sont encore loin d'être sûr·e·s d'avoir voix au chapitre sur l'aménagement du projet... Et nous ne sommes pas dupes : la "démocratie participative" et les luttes citoyennes ont généralement bien du mal à se faire entendre face aux "décideurs" politiques : pour vous en convaincre, nous vous invitons à lire ce deuxième article sur les projets immobiliers dans toute la métropole.

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Cet espace devait être vendu à Habellis, Entreprise Sociale pour l’Habitat (ESH) qui construit, vend, rénove et gère des logements collectifs et individuels en Bourgogne, afin qu'elle y bâtisse onze maisonnettes (avec leurs garages), en face, rue Marillier, d'un petit immeuble déjà édifié par la même entreprise.

L'association Bien vivre dans le quartier Larrey (BVQL), fondée en 2014, s’est opposée à ce projet, refusant une telle artificialisation du sol : le 1er février 2019, elle a déposé un projet de jardin collectif à la Commission de quartier, souhaitant établir durablement sur les deux terrains un verger urbain public, un potager partagé collectif, lieu de rencontre, réserve de biodiversité et îlot de fraîcheur dont tout le monde pourrait bénéficier !

Les jardins ont été préemptés en 2019 et 2020 environ. Habellis a déposé un permis de construire en nov. 2021

pour 11 "maisons" individuelles et une voie privée (sur 1800m²).

Le projet de "Jardin collectif ouvert aux habitants" a été déposé pour la 3ème fois par l'association dans le cadre

des Commissions de Quartier (Ateliers de Quartier) début 2023 sur la plateforme Dessinons Dijon.

Il a été voté comme projet prioritaire à une large majorité lors de l'Atelier du 13 mai 2023,

mais le Conseil Municipal de juin ne l'a pas retenu en précisant que les terrains n'étaient plus à la ville.

Or ils étaient (sont) à l'EPFL et non encore propriété d'HABELLIS.

Les habitants, voisins, se sont mobilisés pour défendre les jardins en avril 2023 puis en février 2024 :

empêcher l'abattage des arbres dans le cadre de la préparation du terrain pour l'exécution des travaux.

Nous avons eu connaissance de la décision de l'abandon du projet immobilier par la Mairie

lors de la venue de F. Rebsamen dans les jardins le lundi 11 mars.

Tous les voisins, habitants du quartier et des quartiers alentour se réjouissent de cette décision.

Nous attendons la mise en œuvre de notre projet avec l'Atelier de Quartier et les services de la mairie

(conformément au vote de l'Atelier de Quartier du 13 mai).

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