
France-Algérie : des relations tendues, la France humiliée par... M. Retailleau !
"Les relations entre les deux pays (l’ex-colonisateur et l’ex-colonisé) n’ont jamais été durablement apaisées et au beau fixe, même s’il y avait des fenêtres d’embellies, et parfois même de belles coopérations (énergie, sécurité, formation et éducation, culture, recherche… et même immigration).
Certes, elles n’ont pas attendu les propos et gesticulations de M. Bruno Retailleau (Ministre de l’intérieur de M. Macron) pour être mauvaises, froides, tendues et parfois exécrables. Mais M. Retailleau a l’art d’en rajouter et de souffler sur les braises, rien que pour se faire un nom !
M. Retailleau : « l’homme de l’Intérieur » qui veut s’occuper de l’Extérieur !
... au grand dam du Ministre des affaires étrangères et chef de la Diplomatie française Jean-Noël Barrot, dont c’est le rôle : lui est plus mesuré et montre une volonté d’apaisement et un certain sens de l’intérêt des deux pays, dans le respect mutuel. Il s’est d’ailleurs proposé de se rendre à Alger pour travailler avec les autorités algériennes dans ce sens, mais l’atmosphère électrique entretenue par Retailleau et acolytes compliquent la démarche.
En effet, Retailleau ne rate aucune occasion de tirer à boulets rouges sur l’Algérie, et surtout de stigmatiser les Franco-Algériens — qu’il considère, ainsi que certains autres bi-nationaux, comme des « Français de papier(s) » —, mais aussi sur les autres résidents algériens (avec ou sans titre de séjour).
Dans le dernier épisode, le prétexte est donné par deux ou trois influenceurs » des réseaux sociaux qui ont posté des propos excessifs et condamnables (sur lesquels la justice — et uniquement la justice* — de notre pays doit se prononcer). Mais c’est mal connaître notre Retailleau national (nourri, voire gavé aux idées du Front & Rassemblement national) qui voit là une aubaine pour montrer ses petits muscles et gagner du galon auprès des électeurs de la droite extrême et de l’extrême droite.
Ainsi, sans prévenir personne, et surtout pas les autorités algériennes, il expulse illico presto cet « influenceur » de 59 ans que l’Algérie ne tarde pas à lui renvoyer en boomerang...
Certains veulent régler des comptes et pas des problèmes !
Arrêter et juger cet « influenceur » ne suffisait pas à Mr ROTOTO, il fallait expulser, montrer ses muscles pour plaire à une catégorie de Français (élus, électeurs et médias…) !!!
Bruno est sonné et se sent humilié (on peut aisément le comprendre...), mais au lieu de reconnaître ses erreurs et fautes, il crie au scandale et déclare que « L’Algérie cherche à humilier la France ! ».
En réalité, l’Algérie (pays souverain et indépendant) ne cherche nullement à humilier la France ni les Français, mais juste à faire respecter sa souveraineté et dire à M. Retailleau : « C’est pas un moulin, ici ! »... et ça, Bruno n’aime pas trop, pas du tout même !
S'il y a quelqu’un qui a réellement humilié la France dans cette affaire, c’est bien M. Retailleau, en prenant des décisions hâtives et non réfléchies (instrumentalisant une affaire d’« influenceurs du net ») avec une opération de "com" mal ficelée et qui tombe à l’eau, un pétard mouillé dont M. Ratatouille veut faire une bombe à fragmentation... mettant tout le pays dans le malaise !
C’est grave... car d’une affaire d’amour-propre (ou ce qu’il en reste !), Ratatouille veut faire une affaire d’État, qui met la France dans l’inconfort diplomatique et dans une situation délicate… dans une période où on a besoin, plus que dans une autre, d’apaisement et de relations amicales, voire fraternelles, avec nos voisins de la rive sud de la Méditerranée (au lieu de jouer à la diplomatie du pire et du pyromane !).
La France est-elle condamnée à choisir entre l’Algérie et le Maroc (diplomatie du "déshabiller Pierre pour habiller Paul") ?
Non ! La France a les ressources (humaines, économiques, géographiques et historiques) pour avoir les meilleures relations avec les deux pays, dans l’intérêt collectif et de chacun.
Ainsi, il n’était pas nécessaire — et surtout pas du tout diplomatique — que M. Macron reconnaisse « la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental » en vue de réchauffer les relations diplomatiques entre la République française et le Royaume chérifien. Décision allant à l'encontre de la position des Nations unies et méprisant le droit international, avant d’être un parti pris contre l’Algérie (qui, elle, soutient la tenue du référendum d’autodétermination préconisé par l’ONU depuis des décennies).
Aussi, Retailleau et acolytes (Philippe, Attal et médias Bolloré) agitent régulièrement la dénonciation des « Accords de 1968 ». Des accords de l’époque de De Gaulle (un homme dont on sait combien il a bradé les intérêts de la France !), qui ont déjà été renégociés trois fois (années 80, 90, 2000) et que l’accord de coopération de 2022 (visite de Macron en Algérie) a prévu de renégocier une 4ème fois. Mais il faut être deux pour renégocier ! Et l’inconstance de M. Macron n’est pas pour arranger les choses, lui qui fait le grand écart entre la reconnaissance « d’un colonialisme, crime contre l’humanité » et des déclarations sur « la rente mémorielle » ou « l’Algérie qui se déshonore... » ! Logique, puisque Marine Le Pen (FN/RN) nous rappelle sa véritable nature (au cas où on l’aurait oubliée ?) : « Dire que la colonisation a été un drame pour le peuple algérien est faux » (mardi 28 janvier sur LCI…) ! Et même le centro-centriste Bayrou (premier ministre) trouve qu’il y a une « submersion » en termes d’immigration (à Mayotte, mais pas que).
Un passé qui ne passe pas, du passif dont il faut faire de l’actif pour le présent et l’avenir
Tout comptable bon gestionnaire nous le dira : « Il est important, voire vital, de bien connaître et reconnaître son passif, pour être en mesure de créer de l’actif ! ». Ainsi, au lieu de s’épuiser à régler des comptes (anciens, en plus), mieux vaut régler les problèmes en bonne intelligence, dans le respect mutuel, condition primordiale pour une vraie coopération France-Algérie et UE-Maghreb, tête de pont vers tout un continent riche de ses enfants et de ses ressources, qui ne cesse de monter.

Et tout cela dans un contexte international des plus menaçants de toutes parts (y compris du soi-disant grand allié américain), pour l’Europe notamment. Se donner de vrais alliés ou sortir de l’Histoire ! Il va falloir choisir...
Madjid Tayebi
* Saisi par l'influenceur algérien « Doualemn », le juge des référés du Tribunal administratif de Paris, dans une ordonnance n°2501017/4 du mercredi 29 janvier 2025, a suspendu les arrêtés prononcés le 7 janvier 2025 par le ministre de l'Intérieur relatifs à son expulsion en urgence absolue du territoire français.
D'ailleurs, le procureur de Montpellier avait annoncé un procès pour le 23 février 2025.
journal Le Poing, 2024