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Gratuité des transports urbains : utopie ?

Un tramway nommé désir par une majorité de nos co-métropolitain·e·s  pourrait-il se transformer en tramway nommé cauchemar ?

Nous avons vu avec bonheur ce moyen de transport collectif et écologique se mettre sur les rails le 1er septembre 2012 (après, comme dans bien d’autres villes, l'abandon du vieux tram, pour nous en 1961), il y a donc maintenant plus de 10 ans ; mais s’il fallait dresser un bilan après cette décennie — et tant pis si certain·e·s voient en nous des insatisfait·e·s permanent·e·s — ce ne serait sans doute pas un zéro pointé, mais un « passable », comme on en trouvait sur nos bulletins de notes d’antan !

 

Si le réseau au départ intelligemment et populairement pensé et "opérationnalisé" par notre cher feu André Gervais, adjoint chargé des mobilités et militant communiste, il est aujourd'hui tristement figé, et ses conditions d’exploitation se sont très notoirement dégradées, surtout en termes tarifaires.


On regrettera d'abord que les projets d’extensions soient savamment et secrètement élaborés, sans aucune participation des usager·e·s (pas de co-construction, et donc, nécessairement et "macroniquement", recul démocratique conforme à la doctrine néo-ducale) ; il est quasiment certain que si elles voient le jour, ce ne seront pas les quartiers les plus populaires qui en bénéficieront !

Aujourd'hui, la tarification peut être à la fois qualifiée de "dégradée" et de "dégradante" par rapport à l'ancien réseau de bus, très bien maillé et bon marché, classé plusieurs années de suite dans le trio de tête national.

On notera, dans le désordre (apparent…), une augmentation aussi folle que furieuse, à l’été 2023, du ticket à l’unité délivrable par support bancaire dans le transport, supérieure à 40 %. Pour faire avaler la pilule, le néo-duc a concédé une gratuité étudiante... mais uniquement en été et circonscrite aux weekends : autant dire que cela ne concerne quasiment personne ! 

Parmi les points positifs, l’abonnement étudiant est à 15 € / mois pour les 18-25 ans (42 € pour le quidam), mais on notera l’absence de tarif allégé pour les retraité·e·s (tou·te·s riches à Dijon, comme chacun sait…), ce qui est dans le paysage français plutôt une rareté, et disons-le tout net, une forme de "jeunisme" bien dans l’air du temps macroniste.

Dans la droite (à double sens) ligne de la stigmatisation des plus fragiles, on notera la suppression pure et simple du forfait 50 voyages mensuels gratuits, passés à 30... puis à rien, pour les demandeurs d’emploi (qui feraient mieux de "traverser la rue"…). On retiendra le cas des personnes en situation de handicap, qui, pour bénéficier de la gratuité, doivent atteindre le niveau de dépendance maximum (3), c’est-à-dire celui de où l'on dépend d’une tierce personne (80 % et plus) ; sinon, elles paieront plein pot et n'auront que le droit de s’asseoir sur une place dédiée, si d’aventure on accepte de la lui offrir…

Le réseau dijonnais, fort de 36 lignes (tram, lianes et bus), reste, en dépit de cette augmentation notoire de ses tarifs, plutôt bien placé parmi les villes françaises, se situant en 3ème position pour le ticket unitaire (hors délivrance dans le transport) à 1,30 €.

Il est aussi 3ème pour l’abonnement mensuel (42 € pour les plus de de 25 ans, 15 € pour les moins de 25 ans), mais s’effondre au 13ème rang pour l’achat d’un pass 10 (+1) voyages (14 €).


Mais faut-il vraiment comparer tous ces tarifs dans le détail ? Ne devrions-nous pas plutôt considérer la question, très politique, de la gratuité des transports publics ? Entendons-nous bien, nous parlons d’une gratuité d’accès, d'une mise à disposition à tous par la collectivité de moyens de déplacement. Il s’agit de déterminer si le financement s'impose seulement aux utilisat·eurs·rices. La question est, osons le terme, philosophique ! Le coût induit par les transports proposés à tout un chacun ne devrait-il pas être supporté par le collectif, communautaire et solidaire ? Et ce d'autant plus que l'impact environnemental et l’urgence climatique sont à prendre en considération ?

À ce jour, si l'on inclut la plus grande communauté urbaine ayant rejoint le cercle de la gratuité, à savoir l’aire urbaine de Montpellier (près de 500 000 personnes), 43 territoires ont opté pour la gratuité d’accès et le partage de la charge de façon collective, que l’on utilise ou pas lesdits transports.

La plus ancienne aire urbaine (de population significative) utilisant cette approche est celle de Dunkerque (192 000 habitants) et elle a, depuis ce basculement, enregistré une augmentation de 125 % de sa fréquentation (en 7 ans, de 2017 à 2023).
On constate également que l’influence sur la diminution du trafic de véhicules individuels est relativement faible ; en revanche, 
on assiste, parallèlement à l’augmentation de la fréquentation des trams et bus, une augmentation corrélée de celle des transports doux (dans l’ordre, du plus au moins : vélos — à assistance ou non —, trottinettes et autres gyropodes).

Il paraît important d’insister sur le poids du contrôle, en termes de ressources humaines et matérielles. Les enquêtes menées auprès des conduct·eur·rice·s font apparaître (de façon inattendue) une baisse significative de la délinquance et des incivilités, ainsi qu’une augmentation de la convivialité entre machinistes et personnes transportées. 

Le manque à gagner (en pourcentage du budget global des transports) d’une métropole-ville-communauté urbaine à l’autre, se situe selon les sources entre 8 et 12 % : rien d'insurmontable (pour 500 000 habitants à Montpellier, entre 29 et 42 millions d’euros). 
Il s’agit vraiment d’une démarche collective et solidaire, d'une participation à la réduction des pollutions et gaz à effets de serre,
mais aussi d'un mieux-être dans nos villes ; et de cela, on parle beaucoup, mais globalement on avance peu, faute de critères bien précis !

 

Nous sommes évidemment tout à fait en faveur de la gratuité des transports urbains pour notre métropole, mais ce n'est pas à l’ordre du jour des équipes actuelles, regrettons-le… 

Liens, sources, et pour aller plus loin :

Infographie. Dans quelle ville les transports en commun sont-ils les plus chers ? Actu.fr

https://actu.fr/societe/infographies-ville-transports-commun-tarifs-plus-chers_116071.html

5 villes où les transports sont gratuits – Les Échos, 12 décembre 2023

https://www.lesechos.fr/weekend/business-story/5-villes-ou-les-transports-sont-gratuits-2040940

Observatoire des villes du transport gratuit

http://www.obs-transport-gratuit.fr/les-villes-du-transport-gratuit-163/gratuite-totale-184/

« Ce sont toujours les classes moyennes qui supportent les augmentations de prix », proteste Laurent Bourguignat

https://www.infos-dijon.com/news/opinion/les-republicains/mobilites-ce-sont-toujours-les-classes-moyennes-qui-supportent-les-augmentations-de-prix-proteste-laurent-bourguignat.html

Transports en commun gratuits : une stratégie payante ? 28 Minutes Arte, 28/12/2023

https://www.arte.tv/fr/videos/118305-002-A/transports-en-commun-gratuits-une-strategie-payante/

Comment sera financée la gratuité des transports en commun à Montpellier ?

https://www.francebleu.fr/infos/transports/comment-sera-financee-la-gratuite-des-transports-en-commun-a-montpellier-4315007

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