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Répit pour les habitants du squat de Fontaine

Depuis jeudi 19 octobre, une quarantaine de personnes, dont des demandeurs d’asile et d’autres personnes sans abri, ainsi que deux mineurs, occupe un bâtiment 1 rue de Dijon à Fontaine-lès-Dijon (maison Lucie en Carrois). Ce bâtiment est inoccupé depuis 4 ans et la mairie de Fontaine-lès-Dijon a prévu de construire des logements sociaux ; mais pour l'instant, rien n'est fait.  L’EPFL (Établissement Public Foncier Local) a acquis ces locaux en son nom,  et en est donc le propriétaire.

Ces personnes étaient, en partie, hébergées au squat des Marmuzots, expulsé en juin 2023. À l’époque, les associations engagées dans la défense des droits humains déploraient qu’il n’y ait pas eu de solutions  pérennes de relogement pour l’ensemble des habitants. En principe, l’hébergement d’urgence est pris en charge par le 115, dont les capacités d'accueil sont notoirement insuffisantes. Ainsi, à Dijon, le nombre d’appels est deux à trois fois supérieur au nombre de places disponibles. Très peu de personnes y ont  alors véritablement accès. 

« On n'a nulle part ou aller, on fait tout ce chemin, on quitte notre pays  pour se retrouver sans situation stable. On n'a pas d'autre choix que d’occuper ces lieux ! L’hiver, c’est dur, on est à la rue et on n'a aucune aide de l’État. Ça nous protège d’avoir un logement, on n'est pas dangereux, on veut juste des droits. Parmi nous, il y a des personnes qui sont en  attente de réponse à leur demande d’asile ou de papiers, et qui  devraient pouvoir bénéficier d’un logement », témoigne un habitant du  squat.

À la demande de la Mairie, le 31 octobre, la préfecture a envoyé une mise en demeure aux habitants, leur laissant 13 jours pour évacuer les lieux. Pour cela, la préfecture a utilisé  la loi dite "Kasbarian" adoptée en juillet dernier, qui permet pour "tout local à usage d'habitation" une expulsion sans décision de justice. Mais le 2 novembre, Soutien asile 21 a déposé un recours suspensif au tribunal administratif de Dijon. L'audience s'est tenue le 15 novembre au tribunal administratif en présence de nombreux soutiens, et le 18, le tribunal suspendait l'arrêté au motif que l'enquête sociale n'avait pas été suffisamment menée. Le préfet et le maire de Fontaine-lès-Dijon faisaient part de leur intention de mener à bien cette expulsion.

Quelques jours avant Noël, le 19 décembre, la préfecture envoyait de nouveau un arrêté d'expulsion enjoignant aux habitants de partir avant le 3 janvier. De nombreuses actions  de solidarité ont alors été menées :

Le groupe des habitants de Fontaine soutenant le squat a rédigé une lettre de demande de rencontre avec le maire, lettre signée de 4 personnes honorablement connues des habitants de Fontaine et de la Mairie.

Une lettre envoyée aux élus du Conseil municipal les exhortant à faire preuve d'humanité envers les habitants du squat, en cette période hivernale, et signée  des deux élus de la liste "Fontaine Solidaire" n'a obtenu aucune réponse.

Suite à une interview de Monseigneur Hérouard par le Bien Public, avec pour bandeau "Avec les migrants, nous avons un devoir d'humanité", une Fontainoise a adressé un courrier au secrétariat du diocèse. Elle n'a pas reçu personnellement de réponse.

Un nombre conséquent, 30, voire plus, de témoignages attestant que le squat ne génère pas de perturbations localement ont été adressés à l'avocate.

 

Le 29 décembre, jour du dépôt par l'avocate du collectif d'un référé contre les mesures d'expulsion, une conférence de presse a été organisée, avec la présence de France 3, Le Bien Public et France Bleu Bourgogne.

Une lettre très argumentée, rédigée par un membre de SOS Refoulement, a été adressée le 4 janvier à Rémi Détang, président de l'EPFL (Établissement Public Foncier Local), propriétaire des bâtiments squattés et qui pouvait demander la suspension de l'expulsion.

 

Le 11 janvier, un rassemblement devant le tribunal administratif était organisé pendant l'audience de référé.

Le matin même, trois citoyen·ne·s de notre commune membres de Réinventons Quetigny, dont un conseiller municipal, avaient rencontré le Maire et président de l'EPFL Rémi Détang. 

Nous lui avions rappelé qu’il pouvait intervenir directement et sans délai, par une lettre de renonciation, à l’évacuation du squat de Fontaine.  

Il nous a immédiatement indiqué qu’il ne le ferait pas, mais qu’il pensait qu’« il n’y aurait très probablement pas d’évacuation à court terme », du fait des conditions météorologiques et des discussions en cours entre élus, Préfecture et Métropole (le président de la Métropole, d’après lui, n’est pas favorable à l’évacuation). Le maire de Fontaine maintient, selon lui, sa demande d’évacuation pour dégager sa responsabilité sur l’État. Nous avons clairement exprimé notre désaccord avec le choix fait par l'EPFL de ne pas intervenir juridiquement. Notons que, depuis, un des occupants a effectivement été reconnu comme mineur et pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance, et qu'un deuxième est en attente de la décision du juge des enfants.

 

C'est une excellente nouvelle qui offre un répit aux réfugiés et leur montre qu'il existe encore un peu d'humanité dans notre pays. Les nombreuses manifestations de soutien montrent aussi que la solidarité avec les exilés existe toujours chez nos concitoyens. Elle dément les propos xénophobes tenus par la droite, l’extrême droite et les macronistes. Cette affaire montre aussi l'absence de courage politique de nombre d'élus et autorités incapables de défendre un minimum de principes  d'humanité et de solidarité auxquelles ils prétendent adhérer.

 

À noter que le Bien Public a publié récemment un bilan du devenir des bâtiments squattés et expulsés depuis 2011 ; il est très instructif : sur les 11 bâtiments expulsés ces dix dernières années,

•    six n'ont pas bougé (expulsés en 2016, 2018, 2020, 2021, 2022, 2023)

•    deux sont concernés par des opérations immobilières mais ne sont pas encore détruits

•    un a été détruit et est en cours de remplacement par des logements

•    un a été remplacé par un établissement pour séniors

•    un a retrouvé une utilisation commerciale, qui a cessé en 2023

Comme dans le cas du squat de la maison Lucie en Carrois, à Fontaine, plus d'une fois sur deux les expulsions sont effectuées sans nécessités urgentes, pour protéger les « intérêts » des propriétaires au détriment des sans abris.

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