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L'avenir de la friche ENITA

Dès 1965, lorsque Quetigny n'avait encore que 600 habitants, la priorité de la commune, avec à sa tête l'agriculteur visionnaire Roger Rémond, fut d'y faire construire un complexe cultural, sis boulevard "Olivier-de-Serres" (dont l'éponyme était le père de l'agronomie française), afin d'accueillir étudiants et professeurs de l'École Nationale d'Ingénieurs des Travaux Agricoles ainsi que du Lycée Agricole. Sa première pierre fut posée en octobre 1965 par le ministre Edgard Pisani, et il fut ouvert (conformément au planning des travaux) à la rentrée 1967.

Dans la France en expansion, État et commune s'accordaient à faire de Quetigny, associée à l'ENSBANA (sur le campus voulu par le recteur Marcel Bouchard) et à l'INRA (présent à Dijon-Est et à Bretenières) un pôle de recherche et d'innovation dans le cadre de la politique agricole commune du "Marché Commun" lancée en 1962. Nombre de Quetignois qui s'établissaient dans ces années vivaient ou s'apprêtaient à vivre de l'agriculture et de la recherche agronomique.

L'École avait su évoluer, passant du productivisme des débuts à une démarche plus qualitative et plus innovante. Mais en 1993, l'ENITA, incluse dans l'ENESAD, a déménagé sur le campus et s'est agrégée à l'Institut Agro Dijon. Le lycée agricole, grâce à Déméter, est toujours là... mais les bâtiments de béton (et d'amiante !) de l'ENESAD sont devenus, au fil de ses trente ans de quasi-abandon, une disgracieuse et périlleuse "friche pédagogique". Ils ont certes accueilli jusqu'à 2015 un centre de formation de la Croix-Rouge, puis, plus récemment, un lieu d'entraînement du G.I.G.N., mais ils ont été tagués et vandalisés, et même partiellement incendiés en août 2018. Il a alors fallu occulter les fenêtres du rez-de-chaussée et souder les portes métalliques.

 

La Mairie avait fort heureusement tenu à garder le contrôle du foncier : les locaux ont été achetés par la ville au ministère de l'Agriculture avec le concours de l'Établissement Public Foncier Local des Collectivités de Côte d'Or, dont le directeur n'est autre que Rémi Détang ; la période initiale (quadriennale) de "portage" de ce bien par l'EPFL devait se terminer le 19 décembre 2023, mais pouvait être prolongée de 4 ans.

 

Aujourd'hui, la longue période d'immobilisation prend fin, puisque le Conseil municipal du 21 novembre a approuvé la cession par promesse synallagmatique (c'est-à-dire comportant une obligation réciproque entre les parties) de vente de ce terrain municipal de 16 000 m², après démolition et désamiantage aux frais de la commune, à un promoteur immobilier privé (établi à Montpellier), Oceanis promotion, chargé d'y construire une école de restauration-hôtellerie, avec restaurant et hôtel d’application 4 étoiles de 50 chambres, des logements et une résidence étudiante, le tout pour le compte du  groupe Vatel, leader mondial de l'enseignement et de la gestion de l'hôtellerie, de la restauration et de la cuisine. Il s'agira d'un des deux "pôles" du groupe dans la Métropole, avec un autre prévu rue de Sully à Dijon :  Vatel prévoit d'accueillir  (sur les deux sites)  450 étudiants et 100 formateurs pour la rentrée 2026

(nous quittons ici le vocabulaire concret de la vie en société pour la phraséologie du marketing : "Food court", "Campus bicéphale", "Hospitality and Leisure management", "lieu d'expérimentation des compétences opérationnelles et managériales", "création d'une dynamique du savoir", "forte valeur ajoutée dans les métiers de l'hôtellerie de luxe", "4Ɵ ƟƟƟ diplômés, appelés « Vatéliens »"...).

                                                        

Nos élus au Conseil municipal ont certes relevé en séance des éléments positifs dans ce projet :

  • la fin d’une "friche pédagogique" délabrée, laide et dangereuse

  • le maintien en ce lieu d‘une école s'inscrivant dans une logique de valorisation de l’agriculture

  • la création d’activités et d’emplois, qui pourrait contribuer à rajeunir la population de notre commune

  • le souci d’une présence, après travaux, de verdure et d’espace dans le paysage, constaté en commission municipale.

Mais pour notre collectif et ses élus, les éléments négatifs l’emportent largement :

  • un établissement privé (hors contrat) remplace, après quelques décennies, un lycée public sur un terrain public

  • nous nous dépossédons d’une partie de notre patrimoine foncier

  • même si le projet reçoit des subventions, ces subventions sont aussi de l'argent public

  • le prix de cession (1 840 000 € TTC, soit 118 € le m²) est particulièrement bas, comparé à d’autres transactions récentes (282 € le m² pour la maison Perreaux, 385 € le m² pour l'ancienne poste, 763 € le m² pour la "Manivelle", 221 € le m² pour Atlas)...

  • c’est la commune qui financera la démolition, le désamiantage et l’évacuation des déchets, pour un coût encore inconnu mais considérable, qui pourrait être supérieur de 500 000 euros au prix de vente.

  • ce projet entre en concurrence avec d’autres établissements d’enseignement, publics, pourvus de restaurants d’application, dans l’agglomération (Castel à Dijon, La Noue à Longvic, AFPA à Chevigny)...

  • Vatel est loin d'être un modèle en termes de respect de la législation du travail et de relations entre enseignants et élèves

  • les études y sont très chères (de l'ordre de 10 000 euros par an)

  • quelles garanties avons-nous sur le respect à long terme des engagements de ce groupe privé ? Ne se débarrassera-t-il pas de ce qui sera pour lui le moins rentable ?

  • il ne semble pas que la municipalité ait suggéré des projets alternatifs

  • ne nous plaçons-nous pas dans l'orbite de M. Rebsamen et de ses "grandioses" projets de "capitale gastronomique" ?

  • le futur hôtel 4 étoiles de 50 chambres à Quetigny est-il conforme à l'identité de notre ville ? n'est-il pas du genre "pharaonique" ?

Pour nous ce projet, élaboré dans le secret des "décideurs" politiques et économiques, aurait dû, typiquement, relever de la "démocratie participative", au sujet de laquelle nous avions participé à une réunion municipale une petite semaine avant le vote, quand la majorité promouvait "la reconnaissance de l'expertise du public", "l'inclusion de l'ensemble des usagers du territoire", "la promotion des initiatives citoyennes" ainsi que "l'évaluation, la communication et la transparence"... Et c'est quand tout était décidé et ficelé dans le dossier Vatel que nous avons pu nous prononcer sur son contenu !

Faute d’un projet valorisé par une autre approche, avec un partenaire moins vorace, nous avons, après consultation des membres de notre collectif qui ont souhaité donner leur avis, voté contre la promesse de vente (un peu plus tard dans la soirée, nous nous sommes abstenus sur le volet financier des travaux de « déconstruction » à venir, qui nous paraissent, de surcroît, excessivement élevés).

Le maire nous a répondu avec ces arguments : c'est l'école publique ENITA qui a décidé de quitter Quetigny, et depuis aucune école publique ne nous a sollicités. Ce genre de négociations ne se fait jamais publiquement. Si nous avions construit des immeubles, nous aurions fait des bénéfices. Ce campus est un signe d'attractivité de Quetigny : logements, tram, place centrale... Je regrette que vous soyez absents sur des sujets aussi importants pour les Quetignois ; vous ratez une page importante de l'histoire de Quetigny !

 

Nous ne nous désintéressons évidemment pas du sujet, et nous suivrons le dossier de la démolition, de la construction et du fonctionnement dans les années à venir.

 

 

 

 

 

 

 

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