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L’École souffre,

Macron fait n’importe quoi !

L’École est, paraît-il, la priorité de Macron ; la presse bien-pensante ne cesse de le souligner depuis des mois... et la machine médiatique mise en place par l’Élysée dès les premiers jours de 2023 place l’éducation au cœur du débat politique... Mais en quels termes, grands dieux ?

 

Les problèmes de l’École atteignent le seuil de l’insupportable :

L’enquête PISA, qui suit depuis 23 ans les acquis des élèves de 15 ans dans 81 pays, le montre : jamais la France n’avait enregistré une telle chute de ses résultats. En culture mathématique, elle a perdu 21 points, et en compréhension de l’écrit 19 points en trois ans.

 

Le métier d’enseignant est largement dévalorisé : alors que le rapport candidats-reçus aux concours de recrutement (CAPES-agrégation) était d’1 sur 20 en 1980, il est aujourd’hui d’1 sur 2. Les meilleur·e·s étudiant·e·s ne souhaitent plus exercer le métier de professeur, maltraité depuis des décennies en termes de conditions de travail, de considération et de rémunération. En début de carrière, un enseignant français du second degré est payé (par heure / élève) deux fois moins que sa/son collègue allemand·e !

Un quart des postes proposés en mathématiques et lettres ne sont pas pourvus par les jurys, alors qu’arrive l’âge de la retraite pour les nombreux enseignants recrutés dans les années 81-90 ! Et la situation ne cesse de s'aggraver sous la présidence Macron : pour la session 2024, il y a au 1er février 38 % de candidats en moins inscrits  aux concours de recrutement des professeurs par rapport à 2019.

Le constat du rapport du jury de CAPES de mathématiques 2023 (en principe peu enclin à mettre les pieds dans le plat)  est accablant : « Trop de copies révèlent des fragilités sur les connaissances disciplinaires, sur les notions et démonstrations abordées au lycée mais également sur celles étudiées plus particulièrement au collège. Il est attendu de futurs enseignants qu’ils soient en capacité d’énoncer des définitions et de rédiger rigoureusement des démonstrations portant sur des notions mathématiques travaillées dans le secondaire... Trop de candidats ont produit des copies manquant de concision et présentant une mauvaise maîtrise de la langue française (syntaxe, conjugaison et orthographe) ».

 

Gabriel  Attal, ministre-météore de l’Éducation (le 2ème après Pap Ndiaye, excellent historien qui doit encore se demander ce qu'il est venu faire dans cette galère) s’exprimait  au  micro  de  France  Info : « On va recruter des enseignants en français et en  mathématiques,  pour  pouvoir  réduire le nombre d’élèves par classe »... Mais comment faire (par exemple dans notre Académie qui fait partie des plus déficitaires en postes d'une année sur l'autre) ? Fastoche ! puisqu’on ne recrute plus assez de titulaires, on embauche des auxiliaires et précaires, mal payés et sans perspectives de carrière ; voilà qui donne envie, et permet de travailler dans de bonnes conditions !

 

Soyons rassurés : durant la grande conférence de presse qu’a tenue Emmanuel Macron le mardi 16 janvier depuis l’Élysée, le président a prouvé son grand intérêt pour l’Éducation nationale.

 

D’abord, il a décidé d'augmenter le nombre de ministres de l’Éducation :

Il est ministre lui-même, puisqu’il ajoute par-ci par-là aux programmes des heures d’enseignement, en éducation civique (censée « réarmer le pays », expression pas très bien choisie pour motiver les profs...), culturelle, artistique (sans, bien sûr, dire il enlève d'autres heures).

Son épouse Brigitte, qui demeure la grande défenderesse du théâtre à l’école (souvenirs de jeunesse), qui fut la protectrice acharnée du sinistre Blanquer, et qui a de surcroît des convictions bien arrêtées en matière de pédagogie, l’est aussi.

Gabriel Attal, pour lequel l’Éducation nationale a été un chouette tremplin vers de plus hautes destinées, a d’emblée déclaré que l’école est la « priorité absolue de son gouvernement » et qu’il « l'emmène avec lui à Matignon » (ce qui ne doit pas faire plaisir à celle qui lui succède).

La super-ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports, des Jeux olympiques et des jeux paralympiques initialement nommée, Amélie Oudéa-Castéra, aurait eu largement le temps de s’occuper de l’École en crise dans les mois à venir !  

Il était d'ailleurs prévu qu'elle soit flanquée d'un·e ministre délégué·e (çà en faisait un·e de plus)...

Qui dira qu’il n’y a pas assez de têtes politiques pour cogiter sur notre Éducation nationale ?

 

Surtout, on a bien compris que ce sont les problèmes fondamentaux de l’Éducation nationale qui sont pris à bras le corps par Macron et son équipe très fournie  :
- la régulation de l’usage des écrans "pour nos enfants"

- l’expérimentation de la "tenue unique" dans les établissements scolaires

- l’apprentissage de la Marseillaise dès le primaire

- le rétablissement des cérémonies de remise des diplômes "dès cette année" au collège

- la généralisation, au lycée, du service national universel en seconde.

Avec des mesures pédagogiques aussi radicales et innovantes, le "niveau" (pour reprendre l’expression de tout expert autoproclamé de l’éducation) ne peut que "monter" !

 

Épisode imprévu et sidérant : à peine nommée, la super-ministre a manqué une occasion de se taire en expliquant ingénument avoir ôté son fils de la petite section de maternelle d’une école publique et l'avoir inscrit dans un des établissements les plus huppés de France, l'école-collège-lycée Stanislas (Paris, VIe), à cause, a-t-elle dit, des « paquets d’heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées » dans le public... sans même croiser le regard quelque peu courroucé de son prédécesseur — et supérieur — Gabriel Attal, qui avait promis « une classe, un prof ! », et encore moins imaginer l'étranglement de fureur de tous les fonctionnaires de l'Éducation nationale qui en bavent au quotidien, font l'impossible pour traiter les programmes et savent que près de 90 % de la rémunération des enseignants du privé proviennent de l’État ! A.O.C. avait d'ailleurs aggravé son cas à la fin de l'interview en déclarant, inspirée sans doute par son inconscient de caste,  que désormais ses enfants  « ont des amis,  qu'ils sont bien,  qu'ils se sentent en sécurité » ...  

 

Elle a d’ailleurs été, à l’occasion, prise en flagrant délit de mensonge : l’institutrice de son fils dans le public n’a jamais été absente dans l’année où il a été exfiltré de son école !

Les enquêtes menées par Médiapart et Le Monde à partir d’un rapport de l’Inspection Générale ont montré depuis que Stanislas s’affranchissait des règles — pourtant peu suspectes de favoriser exagérément le Public — de la "loi Debré" de 1962 :

- en matière "d’injure publique en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre"

- en rendant obligatoire, contrairement à ce que prévoit le Code de l'éducation, l’éducation religieuse

- en délivrant, dans le cadre de la catéchèse, des messages "pouvant conduire à méconnaître le contrat d’association, les valeurs de la République telles que prévues dans le contrat d’engagement républicain" et "susceptibles de recevoir une qualification pénale"

- en incitant certains élèves, dont un fils de la ministre, à renoncer à leurs autres vœux dans « parcoursup » en échange de la totalement illégale « garantie d’être admis » dans une Classe Préparatoire aux Grandes Écoles de Stanislas.

De plus, cet établissement utilise, pour recruter la progéniture d'Amélie, la possibilité de placer les enfants dans des classes non mixtes, ce qui avait été interdit par la loi Haby de 1975, mais rétabli par la loi Darcos de 2008.

 

On ajoutera que les dernières statistiques établies par le ministère de l’Éducation Nationale démontrent que les établissements privés sont loin de prendre leur part en termes "d’École inclusive".

On a appris peu après qu'Amélie Oudéa-Castéra avait gagné avant d'être ministre, en tant que directrice générale de la Fédération française de tennis, 500 000 euros brut sur 13 mois... Elle avait précisé devant une commission d'enquête parlementaire que sa rémunération était "très proche de celle de son prédécesseur" ; il est vrai qu'elle n'avait touché que 86 000 € de plus, une broutille...

Fin janvier, Médiapart (toujours) révélait qu'à l’été 2023, la déjà ministre des sports avait fait la promotion d’une école privée hors contrat, Diagonale, proposant aux jeunes sportifs des cursus aménagés facturés de 4 900 à 6 000 euros l’année, qui souhaitait passer sous contrat avec l’État. Contre l'avis exprimé par ses principaux collaborateurs, Amélie Oudéa-Castéra a personnellement poussé pour que ce soit le cas, transférant ainsi à l’État, généreux, la charge élevée de la rémunération des enseignants de cette école. 

 

Début février, Amélie a reçu la démission fracassante de l'un des plus hauts fonctionnaires de son ministère, le recteur de Paris Christophe Kerrero, qui avait obtenu l'accord de Gabriel Attal pour fermer trois classes préparatoires et en ouvrir trois autres, pour préparer de futurs professeurs des écoles à leur métier et permettre à des bacheliers professionnels d’accéder à des écoles d'ingénieurs prestigieuses. La nouvelle ministre avait décidé de suspendre ces fermetures. Pour défendre l'égalité des chances ?

Comment la Macronie a-t-elle pu une seule seconde confier l'Éducation nationale à cette provocation vivante, et soutenir aussi longtemps une telle traîneuse de casseroles ?  Il est vrai qu'elle était camarade de promotion à l'E.N.A. de notre futur président...

 

On nous a informés, après un long suspense, qu'elle ne garderait finalement que les Sports et les Jeux. Autre bonne nouvelle : Bayrou, qui était ministre de l'Éducation nationale il y a déjà trente ans (sans laisser un souvenir inoubliable) et qui "avait ses exigences", ne rempile pas. Quant à Nicole Belloubet, nouvelle titulaire du poste, elle a au moins le mérite de connaître l'Éducation nationale, puisqu'elle a été professeure d'université et rectrice avant de détenir les portefeuilles du  logement et de la santé. Mais les projets de "réforme" du ministère, réaffirmés par Gabriel Attal, restent les mêmes, et ils mobilisent les enseignants contre eux, ce qui a donné lieu (fait exceptionnel) à deux grèves en 7 jours, le 1er et le 6 février, contre :

- la fin du collège unique résultant de la mise en place des groupes de niveau sur la totalité de l’horaire de maths et de français, allant ainsi à l’encontre des conclusions de toutes les études scientifiques nationales et internationales de ces dernières années, et conduisant à un "brevet-sanction" fermant la porte du lycée aux élèves qui ne l'obtiennent pas...

- la poursuite de la mise en œuvre du « Pacte » donnant des avantages salariaux aux enseignants qui remplacent leurs collègues en plus de leurs heures de cours, quelles que soient leurs disciplines... comme si cela n’avait pas d’impact sur leurs préparations et corrections pour leurs autres heures !

- la rémunération scandaleusement basse d'une profession vitale pour l'avenir du pays,  à qui on impose un pilotage totalement désincarné et ignorant des réalités quotidiennes de l'École.

Quelle "feuille de route" a reçu Nicole Belloubet ? Ramènera-t-elle son ministère dans la réalité des problèmes ? Bon courage aux enseignant·s, aux familles et aux jeunes, qui s’interrogent avec une inquiétude grandissante sur leur avenir !

 

Et, pour détendre l'atmosphère, un lien vers la parodie des Goguettes "N'insultez pas Stanislas"...

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