Halte au blocus de Cuba !
Le Comité de Côte-d’Or de l’association France Cuba avait invité ce jeudi 16 novembre (à la Mairie annexe des Grésilles) André Chassaigne, député communiste, président du Groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine et du groupe d’amitié France-Cuba à l’Assemblée nationale. Ce parlementaire extrêmement actif, éloquent, passionné, a récemment publié (aux éditions Le temps des cerises) Cuba, cette étoile dans la nuit - La lutte du peuple cubain. Debout, il a développé avec beaucoup de chaleur les idées maîtresses de cet ouvrage, puis répondu aux questions d’un public de plus de 60 personnes.
Le maintien du blocus de l’île par les États-Unis a des conséquences de plus en plus graves pour la population.
Après la crise de 1962 qui a établi « l’embargo », d’abord compensé par les liens privilégiés avec le "bloc" communiste, puis devenu dévastateur pour la société cubaine au début des années 90 (chute de l’URSS), le pays se redressait, montrant au monde qu’un autre modèle économique que le capitalisme permettait un développement certes frugal mais spectaculaire dans bien des domaines : agriculture productive limitant les intrants chimiques, politique culturelle au service du peuple, médecine de haut niveau très efficace, en particulier dans l’aide internationale (brigades Henry Reeve)...
Mais de nouvelles lois décidées à Washington (Torricelli, Helms-Burton) sont venues (en dépit d’une courte embellie sous Obama) aggraver les contraintes de l’embargo, qu’on peut aujourd’hui clairement appeler « blocus ». Le mot-clé est l’extraterritorialité des lois des U.S.A., véritable non-sens en droit international. André Chassaigne explique clairement le concept : aucun bien comportant plus de 10 % d’éléments étatsuniens ne peut être vendu par quiconque à Cuba, aucune prestation financière ne peut lui être fournie par toute banque sous peine de pénalités extrêmement lourdes, voire d’une interdiction d’accès au marché américain ! Le conférencier donne des exemples concrets : 8,9 milliards de $ d’amende infligés à BNP-Paribas ; impossibilité pour la SNCF de participer à un programme d’équipement ferroviaire à Cuba ; recours à l’Armée de l’Air française pour fournir à l’avion présidentiel cubain le carburant Paris - La Havane (Total refusant d’en vendre par crainte de sanctions)... et même — anecdote — impossibilité de faire réparer l’ascenseur de l’ambassade cubaine à Paris, le bâtiment relevant de l’extraterritorialité ! Face à ces énormes difficultés, les dirigeants de Cuba, très attachés à la lutte contre les inégalités, favorisent le développement de petites entreprises individuelles ou coopératives (ex. taxis, restaurants...), tout en luttant avec acharnement, par la fiscalité, contre les écarts sociaux et la spéculation : "croissance vertueuse" selon André Chassaigne.
Sans langue de bois, l’orateur, qui s’est rendu récemment (une fois de plus) dans l’île pour « sentir » la situation, l’affirme : les Cubain·e·s souffrent. Les salaires ne permettent plus de faire face à l’inflation, la pauvreté gagne du terrain. La crise est profonde, menaçante pour l’avenir de l’île. L’émigration est massive, facilitée par Biden (500 000 personnes environ en un an, sur 11 millions d’habitants). La cohérence de l’économie est menacée. L’opinion mondiale, influencée par les idées fallacieuses (à force d’être simplistes) de médias hostiles à la révolution cubaine (« Cuba = dictature ») doit être convaincue qu’un effondrement du "modèle cubain", qui a suscité tant d’espoirs dans les pays en développement accablés par d’intolérables inégalités sociales), est possible. Mais cette chute peut être évitée, entre autres par des actions collectives de solidarité et des démarches politiques de soutien, à construire à tous les niveaux, à Cuba comme à l’international. L’échec de la révolution cubaine serait un échec pour tous les progressistes, en particulier ceux d’Amérique latine et d’Afrique, face aux impérialistes. Faisons tout pour l’éviter !
La soirée s’est poursuivie par le traditionnel mojito de France-Cuba et par une savoureuse cena de « moros y cristianos » (haricots noirs et riz blanc) au porc.
André CHASSAIGNE
Cuba, cette étoile dans la nuit : La lutte d'un peuple conte un blocus criminel
Le temps des cerises, septembre 2023
